Changeons donc de vocabulaire
HUNTSVILLE, Alabama – Dans le film Shawshank Redemption, Andy Dufresne explique au personnage joué par Morgan Freeman qu’au bout du compte, il faut se décider à vivre et non dépérir. C’est dans cet esprit que je voudrais profiter des “bonnes nouvelles” annoncées par le premier ministre de l’Ontario Doug Ford pour offrir un plaidoyer en faveur d’un language plus positif si on veut un jour en finir avec cette maudite pandémie de cul à marde, si vous me passez la vulgarité.
En un mot comme en mille, cessons de parler de limites et de restrictions, et parlons plutôt de mesures de sécurité sanitaire. On se protège, on ne s’empêche pas.
On est tous un peu au bout du rouleau. Même des introverties finies comme moi, qui ont travaillé toute leur vie en mode pandémique, en ont marre d’être isolées de leurs semblables. Tellement d’ailleurs qu’elles commencent à parler d’elles à la troisième personne ce qui, vous en conviendrez, n’augure rien de bon.
Comme vous avez sans doute pu le constater dès le début de cette chronique, je suis à l’étranger. Je voyage en fait assez régulièrement depuis novembre. Dans le sud des États-Unis, à travers plusieurs villes et villages. Et je peux vous dire qu’en Ontario et au Québec, c’est nous les cancres de la gestion de la pandémie.
Surtout quand vient le temps d’utiliser le bon vocabulaire. Notre bonnet d’âne dépasse, pour ainsi dire.
Au lieu de parler de fermetures et de restrictions, on devrait normaliser les descriptions plus positives. Les commerces devraient être ouverts avec des mesures de sécurité pour protéger la santé des gens. Ouverts avec masques et distanciation. Ouverts, vivants.
Les compagnies aériennes, soit dit en passant, sont passées maîtres dans l’art de faire de l’obligation de tout désinfecter une vertu commerciale enviable. Regardez-nous torcher cet accoudoir pour vous!
Je passe beaucoup de temps dans la ville de Huntsville, au nord de l’Alabama. Les gens ici vivent leur vie sans peur et sans reproches. Enfin, surtout avant l’arrivée d’Omicron, qui ravage tout sur son passage ici comme ailleurs. En décembre, personne ne portait de masque. Aujourd’hui, pratiquement tout le monde les porte. Pas parce que le gouvernement l’impose. Parce que les gens ont à cœur de protéger leurs semblables.
Et vous savez quoi? Les gens à Huntsville, ils ne sont pas grognons pour deux sous. Contrairement à nous au Quebec et en Ontario. Ce n’est pas le gouvernement qui demande aux gens de se masquer. Ce sont les commerçants et, franchement, les Huntsvillois eux-mêmes qui choisissent de le faire.
Rien ici n’est fermé. Tout fonctionne de façon normale avec masques et distanciation. Et sourires, aussi.
Et à quel prix? Bonne question.
Au début de la pandémie les états du sud, comme la Floride et le Texas, ont vu leurs cas exploser. Le nombre de morts aussi. Une catastrophe qui aurait pu, et aurait dû être évitée.
Les choses ont bien changé depuis, dans plusieurs villes où j’ai moi-même séjourné ces trois derniers mois.
Omicron est aussi contagieux ici comme ailleurs. Et les hôpitaux en souffrent. Mais moins que chez-nous. Le nombre de cas dans la région de Huntsville est, toutes proportions gardées, beaucoup moins élevé qu’en Ontario ou qu’au Québec.
Et tout ça sans parler de restrictions. En se concentrant plutôt sur le positif, et en choisissant de vivre plutôt que de se laisser dépérir.
On aurait avantage à suivre cet exemple.