Le projet Gabrielle-Roy, prise un
English will follow and be different from the French because the older I get the more pleasure I take in writing in two languages. As usual I invite my bilingual readers to enjoy both versions.
Moi, vous me connaissez, je n’aime pas faire les choses à moitié.
Le mois dernier j’ai écrit une chronique dans le Citizen sur les bibliothèques publiques qui se voient forcées de dealer avec des défis reliés à l’itinérance, et d’autres enjeux sociaux qui, franchement, devraient être la responsabilité des gouvernements provinciaux mais avec les politiciens qu’on a...
Le fait est que dans la plupart des centres urbains nord-américains, peu importe la couleur politique du parti au pouvoir, les programmes ne suffisent pas, plus souvent qu’autrement parce que les budgets ne sont tout simplement pas en place pour aider les gens sans abri fixe à trouver ce dont ils ont besoin pour se remettre sur pied.
On ne met pas d’argent dans des programmes comme Housing First, qui donne un logement aux gens qui n’en ont pas sans leur imposer de conditions comme par exemple d’être sobre. On donne un logement en premier, sans question, aux frais des contribuables, pour plein de raisons mais la plus importante, en fait, c’est que ça fonctionne. Et que ça coûte moins cher (pas juste en argent) que de confier à la police et aux services d’urgence des hôpitaux la tâche de gérer des crises de santé mentale, des épisodes problématiques de consommation et autres enjeux reliés à l’itinérance.
Et en plus, en traitant les gens comme des humains, on les aide vraiment à se sortir de cette situation de façon durable. Partout où le Housing First a été essayé, ça a fonctionné. Un bel exemple est la Finlande (même le prince William le sait). Un autre est Salt Lake City. Medicine Hat en Alberta itou.
Mais bon, au début ça coûte cher et les contribuables ont peur à leurs sous, ce qui fait que ça prend des politiciens au courage hors du commun pour se lancer là-dedans contre vents et marées. Faque voilà, les personnes sans abri sont encore dans la rue.
Et qui essaie de les aider quand même avec les moyens du bord? Les gens qui travaillent dans les bibliothèques publiques. Les mieux gérées ont déjà commencé à se doter de personnes-ressources bien entraînées dans ce domaine, comme par exemple des spécialistes du travail social.
Quand j’ai entendu dire que la Ville de Québec allait avoir une telle personne à la bibliothèque Gabrielle-Roy dans le quartier Saint-Roch, j’ai sauté de joie. Aussi sur l’occasion.
Je suis entrée en contact avec les gens de la Ville et leur ai demandé si ça leur casserait beaucoup les pieds de m’avoir dans les jambes (c’est pour la poésie) pendant environ un an pour documenter leur nouveau programme d’aide aux personnes en situation de vulnérabilité.
Apparemment ils en sont ravis.
J’ai eu une excellente conversation avec Catherine Vallières-Roland (mairesse suppléante et responsable de la Culture au comité exécutif de la Ville de Québec) ainsi qu’Angélique Bouffard (directrice de la section Lieux culturels et art public au Service de la culture et du patrimoine). Le lendemain je suis allée faire un tour autour de la bibliothèque pour prendre quelques photos.
Enfant, j’allais à cette bibliothèque le weekend, pour écouter ABBA et autres artistes que j’adorais sur les 33 tours qui étaient disponibles à l’audiothèque, tout en dévorant mes bandes-dessinées favorites. J’ai passé des heures et des heures évachée sur les gros coussins à me perdre dans mes histoires.
À l’époque, le quartier Saint-Roch, on s’y aventurait pas tant que ça. C’est un quartier qui était reconnu pour être un peu plus tough et avoir des enjeux liés à la drogue et, mettons, aux occupations connexes.
Aujourd’hui, il y a certainement encore beaucoup d’enjeux. Mais il y a aussi beaucoup de belles choses qui se passent dans le quartier, même quand il fait un frette sans pitié comme la journée où je suis passée la semaine dernière. Maudit que j’ai gelé.
Ce que j’aime du projet de la bibliothèque Gabrielle-Roy c’est qu’il est bien conçu. On a à coeur de faire tout ce qui est possible, avec des moyens modestes, pour offrir des services hyper utiles aux personnes qui en ont le plus besoin tout en créant un endroit sécuritaire et accueillant pour tout le monde. Je vous recauserai plus tard des outils adoptés pour assurer cet équilibre et de comment tout ça fonctionne en pratique.
La bibliothèque est temporairement fermée pour des rénovations et plein de changements dont je vous parlerai aussi plus en détails le temps venu.
As my attentive reader knows, I am a big fan of public libraries and the incredible work their staff can accomplish with almost literally no money. I mean, seriously. Libraries deliver so much public good with so few resources.
Not too long ago in the Ottawa Citizen I wrote about libraries expanding their role to serve a population that now includes increasing numbers of people in situations of homelessness facing many challenges and who, thanks to governments cutting social services everywhere, have nowhere else to go when they need a break from the cold, a clean bathroom, free internet and friendly staff who can help them figure out where they can get some of the remaining public services that are available to them. Man, that was a long sentence.
The main branch of the Quebec City library, named after literary giant Gabrielle Roy, is located in the Saint-Roch neighbourhood which, historically, has been one of the most challenging with high rates of poverty.
A lot of effort and investments have gone into revitalizing this area in the last two decades, a period during which I did not spend much time in Quebec City. To say it’s an eye-opening experience for me to start looking at it closely in 2024 would be a spectacular understatement.
When the City announced a few weeks ago that the Gabrielle-Roy library was going to hire a person specifically trained to serve at-risk populations – a social worker, I suppose you’d say – I jumped at the opportunity to document this process because I want to 1) see how it goes and what lessons other cities could gain from Quebec’s experience but also 2) encourage other smaller cities to do the same, given that there are similar needs everywhere.
I don’t exactly know where this project will lead but I know for sure it’ll be very rewarding even when, as it was last week when I took those pictures, it’s minus stupid outside. At least I have a warm place to call home.